Politiquement fort intéressante cette interview de Bruno Tobback à la RTBF radio. Les prochaines heures diront si elle est importante et si elle le signe de la « discorde chez l’ennemi », pour reprendre une terminologie gaullienne, ou s’il n’y va que de l’opinion personnelle d’un franc-tireur libre-penseur.
Le fils de Louis – qui devient petit à petit « le papa de Bruno »… - s’en prend durement à Bart De Wever qu »‘il accuse en somme de semer la zizanie dans le camp flamand en accusant les autres partis de manquer de « solidarité ». « Le problème, dit-il, c’est qu’il n’y a pas de front flamand parce que monsieur De Wever n’a jamais essayé d’en faire un ». Et de lui reprocher de jouer un jeu strictement électoral, tout comme Elio Di Rupo d’ailleurs. Ambiance…
Ce que cela semble cacher, en fait, c’est une tentative de reconstitution, jusqu’à un certain point, de solidarités intercommunautaires « de gauche » au sein des Sept. Et un appel implicite au CD&V à se distancier de la N-VA. Toute la question est alors de savoir ce que feront les démo-chrétiens flamands, toujours déchirés entre leurs « nationaux » et leurs « régionaux ». Avec la N-VA, ils font déjà 44 sièges sur 88, ce qui rend l’ancien cartel incontournable s’il se reconstitue, et plus encore s’il gagne seulement un siège.
Si une telle perspective devait se confirmer, la mission de Bart De Wever serait certainement condamnée à un échec déjà probable sans cela, et de nouvelles élections probablement inévitables. Mais pour arriver à quoi?
La gauche flamande au sens strict (sp.a + Groen!) réunit moins d’un quart des députés flamands (18 sur 88). Si on y ajoute tous les CD&V, on arrive à peine à 35. Il faut donc impérativement les… libéraux de l’Open-VLD (que Tobback ne veut pas voir) pour arriver tout juste à la parité (44). Avec les trois partis francophones de l’Olivier, la majorité simple serait aisément acquise, mais pas les deux tiers nécessaires à la réforme de l’Etat.
De nouvelles élections pourraient sans doute peu ou prou modifier les rapports de force, mais dans quel sens? Et dans quelle mesure? Serait-elle suffisante pour rendre la N-VA plus facilement « contournable »? Et au prix de quelle polarisation, « gauche-droite » cette fois? Ou alors: « tous contre la N-VA »? C’est encore une fois en Flandre que ça va se passer.
On peut sans doute parier sur une mobilisation syndicale maximale pour tenter de faire barrage à l’austérité qui s’annonce au regard des économies à faire (ou des recettes à lever) pour maintenir les institutions à flot. Si nouvelle campagne il y a, elle sera torride. Les jours qui viennent aussi.
Voir aussi: Ces interventions de Philippe Moureaux et Caroline Gennez dans Terzake (VRT). Merci @ksavje.
